L'héritage de la grande pêche de la fin du 19e siècle depuis les ports de Bretagne ou du Nord de la France est encore visible de l'autre côté de l'Atlantique, que ce soit à Terre-Neuve ou en Islande. Au cours de plusieurs voyages en compagnie du journaliste Philippe Bovet, j'ai parcouru certains de ces lieux sur les traces des "travailleurs de la mer".
• Terre-Neuve 1994
Située sur la côte sud-ouest de Terre-Neuve, la péninsule de Port-au-Port est l'endroit où se sont établi au 17e siècle les premiers pêcheurs français. Une base de traitement de la morue avait été ouverte par la marine royale sur l'Ile rouge qui, bien que gardée toute l'année, n'était vraiment active que pendant la saison de pêche. Certains marins sont restés sur place, probablement pour fuir la conscription très longue et rude de l'époque. Ils se sont cachés sur cette péninsule dont ils pouvaient facilement contrôler l'accès large de quelques dizaines de mètres et ont fait souche. Aujourd'hui, leurs descendants forment une communauté francophone très active qui, au cours des siècles, a réussi à ne pas succomber à l'anglophonie dominante.
• Islande 1996 - 1997
La pêche à Islande, pratiquée par des équipages originaires principalement des régions de Paimpol (Côtes-d'Armor) et de Gravelines (Nord), a duré jusque après la seconde guerre mondiale. La pêche s'effectuait de mars à octobre sur des navires à voile puis, vers la fin, à vapeur. À parir du milieu du 19e siècle, la congrégation religieuse des Assomptionnistes crée la Socièté des Œuvres de Mer (SOM). Elle s'implique dans l'assistance sanitaire et morale des marins en armant un navire-hôpital qui sillonne les zones de pêche durant la saison. Puis la SOM ouvre des Abris du marin dans certains fjords de l'Est fréquentés par les pêcheurs à la recherche de denrées fraîches. C'était aussi l'occasion pour la congrégation catholique d'affirmer sa présence en terre protestante.
Au tournant du siècle, les Assomptionistes se voient disputer leur monopole sur l'assistance aux marins par le nouveau gouvernement très anticlérical du Bloc des gauches. Dès 1901, des études sont lancées par le ministre de la Marine, de Lanessan, pour construire des hôpitaux sur le sol islandais. Trois établissements seront édifiés en 1903, 1904 et 1906, respectivement à Reykjavik, Faskrudsfjordur et sur l'île Heimaey. Ces hôpitaux sont ouverts à l'année et bénéficient aussi aux populations autochtones.
Déplacé à l'entrée du fjord après la seconde guerre mondiale, l'hôpital de Faskrudsfjordur perdait de sa renommée en servant de logements sociaux puis d'abri pour les moutons.
Lors de notre premier voyage à l'été 1996, certains habitants du fjord nous font part de leur souhait de voir se rétablir son glorieux passé, voyant en lui une vitrine idéale pour développer une activité touristique de ce côté encore assez méconnu de l'île.
De retour en France, nous avons contacté la mairie de Gravelines pour réactiver le jumelage existant entre les deux villes mais depuis longtemps tombé en désuétude. Une délégation de Gravelinois a ainsi pu être accueillie à Faskrudsfjordur le 14 juillet 1997 lors des premiers Franskir dagar, cette fête annuelle de l'amitié islando-française qui perdure encore aujourd'hui.
Pour ce deuxième voyage de 1997, Philippe et moi avons organisé un chantier d'été et encadré un groupe de jeunes Français venus travailler en compagnie d'autres jeunes Islandais du village à la préservation de l'ancien hôpital : nettoyage des sols remplis d'épaisses couches de déjections ovines, remise en place des toitures en tôles ondulées, fermeture des portes.
Nous avions aussi apporté de France deux expositions photographiques qui, montées dans l'ancienne salle de bal, ont été inaugurées par Vigdis Finnbogadottir, ex-Présidente de la République islandaise et par l'Ambassadeur de France. L'une était un reportage photographique que j'avais effectué l'été précédent dans le fjord. L'autre proposait le fruit de mes recherches dans les archives islandaises et françaises sur le passé du fjord. J'avais pu retrouver une importante collection de négatifs originaux sur l'activité des Abris du marin commandés par la SOM à la fin du 19e siècle. Les agrandissements issus de ces archives sont encore présentés au musée historique de Faskrudsfjordur à qui je les ai donnés.
Aujourd'hui l'hôpital a été redéplacé à son emplacement d'origine, en bord de mer au centre du village. Complètement rénové, il est devenu un hôtel prisé des touristes sur les traces du passé maritime français visibles au musée historique ou au cimetière marin.
Brésil, 1996
Pâques en Sicile, 1984
Mur de Berlin, 2009
Les Boxeurs, 1999
Pour Télérama, une commande de portraits d'anciens champions de France de boxe.
La Plage, 1990
Paris Plage, 2006
Étretat, 2006
Corse, 2010
Le plastique des mers
C'est bien connu maintenant, l'environnement maritime est infesté par des résidus de plastique de toute sorte, par incurie ou par accident. En mer, de gigantesques îles de déchets flottent au grè des vents et des courants ; sur le plages, les plastiques de toute taille s'amoncellent, se détériorent et se fracturent en de minuscules particules. Les êtres vivants qui peuplent les mers les assimilent, s'étouffent, s'intoxiquent, s'emprisonnent. Souvent ils en meurent.